[Brèves] Sources chaudes et suçons chastes



Les autrices d’Imagynons peuvent-elles écrire autre chose qu’un pavé ultra-long tous les deux mois ?

Aujourd’hui rien de cohérent, juste une découverte et une indignation. 

Un jeu vidéo, « One Night, Hot Springs » (« Une Nuit, des Sources Chaudes »), m’a pas mal touché. Visual novel* amateur sorti fin février,  il raconte le périple d’une jeune femme trans qui accompagne sa meilleure amie dans les sources chaudes. Avec tout ce qu’on peut imaginer comme complications liées à des bains non-mixtes, un personnel plus ou moins chaleureux et une législation japonaise bien pourrie.
Le jeu se termine en moins d’une heure, mais recèle une dizaine de fins différentes selon vos choix au cours de l’aventure. Et le style choupi et épuré contribue beaucoup à une ambiance particulière... La boisson chaude rassérénante après une pluie glacée, ou la larme de  gratitude pour votre ami-e qui a retiré l’écharde, c’est dans ce genre d’état émotionnel que m’a laissé ma première partie.
Et ça fait vraiment plaisir de voir ce média utilisé de cette façon, surtout dans l'univers des visual novel dominé par des dating sim** ultra-stéréotypées et leur lot de protagonistes dégueulasses - même s'il y a des exceptions ici ou ;) .
« One Night, Hot Springs » est disponible à prix libre sur itch.io, très accessible à condition de lire l’anglais ou le japonais.

 Retrouvez Haru ici

Le film de 2013 « Chastity Bites » (« Suçons Chastes » ?) ne vaut, lui, pas spécialement la peine d’y consacrer une heure. Comédie horrifique, où une noble quadricentenaire utilisant ses phéromones de lesbianisme et le néo-conservatisme des universités étatsuniennes pour se fournir en sang de vierge sera finalement vaincue par l’incorruptible « féministe » de la fac.
Ce scénario à priori réjouissant est troublé par une foule de trucs dérangeants, notamment la caricature cynique du féminisme qui y est faite. Notre héroïne, bien que claquant des discours sur la domination patriarcale toutes les deux scènes, ne remet à aucun moment en cause le concept mystique et ultra-réac de virginité porté tout au long du film.
Elle sera séduite en 20 secondes par un mec qui lui aura récité un passage du « Deuxième Sexe »***. L’œuvre de Simone De Beauvoir resurgira une nouvelle fois de manière particulièrement atroce et improbable au cours de la discussion qui précèdera leur « première fois » :

 Est-ce que j’ai parlé de « Chastity Bites » juste pour partager cet extrait ?

Framboise 

 * Genre de jeu vidéo aux illustrations statiques, et aux dialogues plus ou moins interactifs
** Simulation de drague, souvent hétéro
*** Simone De Beauvoir, "Le Deuxième Sexe", 1949, pleins d'éditions


Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

[Analyse] Petit Spirou & Gros Malaise

[Analyse] [Féminibook] QUE CREVE LE MATRIARCAT

[Analyse] La Viande de Femme